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Sur Parc sauvage et autres récits brefs de Jacques Roubaud

‘Jeux de mots, lieux de mémoire. Sur  Parc Sauvage et autres récits brefs de Jacques Roubaud’.

Dans Parc Sauvage (2008), récit apparemment simple de Jacques Roubaud, un des jeux
favoris des deux enfants protagonistes, vivant sous la menace des rafles allemandes,
consiste à communiquer par messages secrets. L’agencement des lettres, syllabes ou mots
par lesquels ces messages sont résumés en fin de chapitre s’avère obéir à une contrainte
oulipienne. Si le lecteur familier de Roubaud reconnaît certains faits de la vie de celui-ci,
le texte ne saurait se lire comme un récit d’enfance autobiographique. Le rapprochement
de Parc Sauvage avec d’autres récits situés à la même époque permet de constater que
Roubaud s’y livre à une déambulation mémorielle dans laquelle la mise par écrit de ses
souvenirs d’enfance les fait changer sans cesse de forme. Ce rapprochement révèle également à quel point le goût des formes oulipiennes ou autres dispositifs formels dépasse chez Roubaud le champ de l’expérimentation ludique.

Manet van Montfrans, ‘Jeux de mots, lieux de mémoire. Sur  Parc Sauvage et autres récits brefs de Jacques Roubaud’. In A.E. Schulte Nordholt & P.J. Smith (éds.), Jeu de Mots/ Enjeux littéraires, de François Rabelais à Richard Millet | Brill/Rodopi, Essais en hommage à Sjef Houppermans, Leiden: Brill, Faux titre ( 2018), 160-173.

Link: http://www.brill.com/products/book/jeux-de-mots-enjeux-litteraires-de-francois-rabelais-richard-millet

 

rill, Faux titre ( 2017).

Georges Perec. La Contrainte du réel

perec_montfrans[1]Georges Perec. La contrainte du réel,  Amsterdam/Atlanta, Rodopi, 1999, 418 blz..

Jongleur virtuose de mots et de formes, observateur attentif de son époque, conteur intarissable, Georges Perec (1936-1982) est un écrivain dont la renommée ne cesse de croître auprès d’un public très diversifié, en France et à l’étranger. La discrétion et l’humour de Perec ont pu masquer en un premier temps le véritable enjeu de son oeuvre. Depuis le milieu des années quatre-vingt, on voit cependant se développer une sensibilité accrue à la place que l’Histoire tient dans l’oeuvre de cet auteur, né en 1936 à Paris, dans une famille d’immigrants d’origine juive polonaise. Cet ouvrage retrace d’une part l’élaboration progressive de la poétique perecquienne qui s’est nourrie des expérimentations littéraires et des échanges intellectuels au sein de l’Oulipo. D’autre part, il confronte ce projet d’écriture à l’analyse de trois textes narratifs, Un homme qui dort, W ou le souvenir d’enfance et Un cabinet d’amateur. Ecrire est, selon Perec, un jeu qui se joue à deux, entre l’écrivain et le lecteur. Une fois qu’il s’est laissé séduire par les énigmes de ces textes, le lecteur doit accepter de suivre Perec à tâtons dans les méandres de son labyrinthe. Ce n’est que lorsqu’il consent à s’associer patiemment au mouvement de l’auteur qu’il comprendra ce autour de quoi tournent ces textes et vers quoi, sans cesse, ils retournent.